Ethique

Éthique. Exigence. Qualité. Ces termes sont de première importance pour les audiodescripteurs qui sont à l’origine de ce site. L’audiodescription est peut-être en passe de prendre son envol, mais son développement attendu, s’il veut être durable, ne pourra se faire que sur la base d’un niveau de qualité élevé, seule façon pour le public déficient visuel d’apprécier pleinement les œuvres culturelles proposées.
Les rédacteurs présentent ici les règles qui régissent leur travail, pour permettre à chacun de mieux appréhender ses exigences. Par ces règles, ils s’engagent auprès de leurs clients et de leur public, et souhaitent inciter tous les partenaires du secteur (commanditaires, producteurs, diffuseurs, descripteurs) à défendre ce niveau élevé de qualité que le public est en droit d’exiger.

Une définition de l’audiodescription

L’audiodescription est un procédé qui permet de rendre accessible des films, des spectacles ou des expositions aux personnes non-voyantes ou malvoyantes grâce à un texte en voix-off qui décrit les éléments visuels de l’œuvre. La voix de la description est placée entre les dialogues ou les éléments sonores importants afin de ne pas nuire à l’oeuvre originale. Elle peut être diffusée dans des casques sans fil pour ne pas gêner les autres spectateurs.
L’audiodescripteur est un auteur. Il travaille seul ou à plusieurs à l’élaboration du texte. Un audiodescripteur non-voyant peut écrire avec un audiodescripteur voyant.
Les supports d’application sont multiples : cinéma, théâtre, télévision, danse, expositions, et toute expression artistique comportant des images inaccessibles à un public déficient visuel sans aide extérieure.
Les personnes aveugles et malvoyantes sont le premier public de l’audiodescription, mais aussi toute personne souhaitant « écouter » un film de la même manière qu’une œuvre radiophonique (en voiture par exemple).

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L’analyse de l’œuvre

L’audiodescripteur doit d’abord ressentir l’émotion artistique de l’œuvre, puis être capable d’analyser la structure de l’œuvre, de comprendre les intentions de l’auteur, de définir les enjeux dramatiques, les éléments sonores et/ou visuels et de hiérarchiser les informations. Tout ceci grâce à une bonne connaissance des supports abordés (écriture cinématographique, mise en scène théâtrale, sémiologie de l’image, chorégraphie).
Cette analyse lui permet :
– de faire le choix des éléments visuels essentiels à décrire.
– de définir le temps disponible, en respectant les dialogues et les éléments sonores importants.
– de déterminer les moments exacts où les descriptions seront placées, l’auditeur de l’audiodescription devant recevoir les informations visuelles au même rythme que le spectateur disposant de l’image.

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Fidélité à l’image,
et à l’intention du créateur de l’œuvre

L’audiodescripteur s’attachera à décrire l’image avec précision :
– pour restituer sa charge émotionnelle, sa sensation esthétique et sa signification.
– sans expliquer un élément visuel par une interprétation personnelle de son sens.
– sans juger : l’auditeur doit garder la liberté de se faire sa propre opinion. (le descripteur ne doit pas être critique, il est comme un membre de l’équipe)
– sans résumer sommairement une série d’éléments avant ou après qu’ils se produisent. La description doit donner à voir les images au même rythme que l’œuvre originale.
– sans anticiper le déroulement de l’œuvre en dévoilant des informations qui ne seront exposées que plus tard.

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La qualité de l’écriture

L’élaboration du texte est un véritable travail de création et nécessite une parfaite maîtrise du français et une grande inventivité. L’écriture doit recréer le visuel. La description est destinée à être écoutée, elle doit donc produire une image mentale immédiate, fidèle à l’image originale, à l’émotion qu’elle produit et à son sens.
Elle doit aussi rendre compte des effets de mise en scène sans recourir à un vocabulaire technique.

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L’organisation d’un univers sonore

S’agissant, pour le cinéma et le théâtre par exemple, de transposer une œuvre visuelle et sonore en une œuvre purement sonore, l’audiodescripteur attachera une attention particulière à l’agencement et à la cohésion des éléments sonores (dialogues, description, bruitages, musique, silences…) pour, au final, recréer une œuvre aussi proche que possible de l’oeuvre originale.

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La relecture

Le descripteur relit et corrige son texte avec un deuxième descripteur voyant ou non-voyant. Cette étape se révèle essentielle pour corriger des oublis et des erreurs d’interprétation. Un test avec une personne non-voyante peut s’avérer indispensable dans certaines situations (description d’une œuvre tactile par exemple).

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L’interprétation

Elle se fait généralement à deux voix, féminine et masculine. L’alternance de ces deux voix sera soigneusement étudiée pour rendre compte de la structure du montage original.
L’interprétation devra s’adapter au style de l’oeuvre et au climat émotionnel de chaque séquence. C’est un travail de comédien, très nuancé, avec une bonne technique de l’enregistrement de voix off. Il s’agit de se fondre dans le film, sans être neutre et froid ni, à l’inverse, être trop expressif ou explicatif.

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Les moyens techniques

Le descripteur doit disposer :
– pour la description d’un film ou d’un documentaire, d’une copie de travail de qualité, si possible time-codée ;
– pour la description d’une pièce de théâtre ou de tout autre spectacle vivant, d’unaccès libre aux répétitions et/ou représentations et d’une captation vidéo du spectacle ;
– pour la description d’expositions, d’un accès aux lieux et aux œuvres exposées.
L’exigence de qualité apportée à toutes les étapes de la mise en œuvre s’étend évidemment à l’enregistrement, au mixage soigneux permettant d’équilibrer parfaitement la description avec le son du film, et aux moyens de diffusion retenus par l’utilisateur.

Marie-Luce Plumauzille
et Laurent Mantel

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2 réflexions sur “Ethique

  1. LABRO 2 Mai 2011 / 11:36

    Merci de me prévenir lors de la prochaine sélection pour une formation à l’audiodescription. Dois-je vous faire parvenir un CV et une lettre de motivation ou est-ce prématuré ?
    Bien à vous,

    Virginie Labro

  2. valère 19 Mai 2011 / 18:09

    Vous dites qu’il ne faut pas anticiper une description. Si elle est importante pour comprendre, comment procéder ? Il n’est pas toujours possible de décrire au présent. J’ai déjà « vu « des pièces de théâtre en audiodescription et malgré un décalage soit au futur soit au passé, j’ai pu tout remettre en ordre dans ma tête. Je préfère avoir l’information plutôt que la description chevauche le texte de la pièce en temps réel.

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